Plus l'idée me tournait à l'esprit, plus cela devenait évident. La solution commençait à devenir aussi claire que du cristal.

Le railgun de précision, K&W LR-620, pouvait faire un trou à travers 36mm de titane à 300 mètres. Il est très cher mais si vous voulez un résultat garanti, cela en vaut la peine.

A l'appartement de Dovkin à l'étage, le fusil ressemblait à une œuvre d'art hors de prix fixée au mur. Le design épuré, le placement impeccable de toutes les fonctionnalités, c'était magnifique. Qui sait, il pourrait même atteindre la perfection divine une fois qu'il aura éclaté le crane du pire trafiquant de l'UEE.

Dovkin m'apporta un verre. Je l'ai pris et l'ai siphonné. Il me servit son baratin habituel. Il s'attendait à une vente.

Un petit homme avec un visage noueux, Dovkin frottait sa veste en cuir alors qu'il s’appuyait contre le mur en me regardant. Raj nous avait lié quelques années dans le passé. Et bien que nous ayons travaillé plusieurs fois ensemble, nous n'étions pas des amis, loin de là. Dovkin ne faisait pas affaire avec des amis. Il traite avec des connaissances.

« La licence est propre. Elle ne te pausera aucun problème dans aucun système. Garanti. »
« Epargne-moi ton discours, Dovkin. » Je levais le fusil, enclenchais le viseur et testais son poids. Il était bien, équilibré. « Je sais que tu vends de la bonne marchandise. »

« Rappelle-toi de ça quand je te dirai le prix. » Sa bouche se tordit dans un sourire triste.

« Il le vaut bien. » Les yeux de Dovkin brillèrent.

« Ca doit être quelqu'un d'important. Je voudrais presque savoir qui c'est. » Dovkin ria. J'appelais un taxi qui arrivait au loin.

« Non, tu ne voudrais pas. »
* * * * *
J'avais l’outil. Maintenant je devais me concentrer sur l'homme, voir comment il respirait. Descendre un sénateur de l'UEE n'était pas quelque chose à prendre à la légère. Bien que descendre un gars soit facile (dilemme morale et éthique mis a part), s'échapper après l'avoir fait était un véritable casse tête.

La fête de la journée citoyenne de Terra avait duré tout le week-end et le Sénateur Hannigan était l'invité d'honneur. J'ai scanné le NewsOrg local ce qui me fut très utile pour avoir une idée approximative du calendrier des apparitions du sénateur.

A partir de là, je devais devenir un fantôme. Le mec avec la brulure de laser savait que j’étais encore dans le coin. Il devait présumer que mon faux moi-même m’avait fournis la véritable identité d'Hannigan. Mais je connais la réputation de Caro, il n'était pas le genre de gars à commettre des erreurs et il était fort peu probable qu'il ait pu approcher de près ou de loin mon faux moi. Le fait d'avoir aperçu Hannigan et le type à la brulure de laser sur le canal des news était purement accidentel. Il aurait pu savoir que je l'avais vu aux infos. Mais même si c'était le cas, je suis prêt à parier mon vaisseau que le type à la brulure de laser est du genre prudent donc je pouvais m'attendre à un renforcement de la sécurité, des mesures contre les snipers, et peut-être même des ondes de détection d'armes dans la foule.

Sur l'écran, le canal des infos montrait un reportage sur Hannigan à l'inauguration d'une sorte de nouveau vivarium. Des flashes capturaient chacun de ses mouvements. Il souriait en traversant la foule, tel un homme dont la conscience est tranquille, qui croit que la multitude de ses misérables péchés ne pourraient jamais revenir le hanter. Mon esprit commença à s'égarer …
* * *
J’étais en train de courir. Le sang, la sueur et cette satanée de saleté rouge qui continuait à rentrer dans mes yeux. Nous devions continuer d'avancer. Au moins jusqu'à la nuit tombée. De retour au parc, j'entendais les gardes se plaindre de leurs terribles optiques. Ainsi, durant la nuit, nous serions plus difficilement traqués. Nous avions une chance.

Alors nous avons couru. Je pouvais sentir sa main dans la mienne. Malgré l'argile rouge et durcit qui nous enveloppait tous les deux; je pouvais toujours sentir sa peau. Je la tenais fermement.

Puis c'était fini.
* * * * *
« Hey ! »

J'étais de retour. Le corps squelettique du propriétaire du magasin de stim se tenait devant moi. Je vérifiais l'écran. Vingt minutes s'étaient écoulées cette fois. Les nouvelles ne parlaient plus d'Hannigan et couvraient une stupide célébrité locale sans intérêt.

« Putain, c'est quoi le problème avec toi, mon pote ? » murmura-t-il en cracha un flot de fumée.

« Y en a trop. » Je tapotais ma carte sur le capteur pour payer mon thé et me libérer.

De retour dans la rue, je reconcentrais mon esprit sur ma tâche à accomplir. Il y avait deux éléments qui semblaient prometteurs.

Hannigan avait été désigné pour faire un discours d'introduction à l'université de Terra. Entre les élèves et leurs familles, des milliers de personnes étaient attendues, il y aurait sans doute des brèches à exploiter dans la sécurité. L'inconvénient, cela allait avoir lieu dans un auditorium. Entrer serait difficile, et sortir après le verrouillage du lieu une fois le coup de feu tiré serait encore plus difficile.

Demain, Il devait assister au bal du gouverneur pour la clôture des festivités. La sécurité y serait certainement impénétrable. Mais cela se passera sur une plateforme en plein air juste à coté de la baie. Et de nombreux grands bâtiments se trouvaient tout autour. Ce serait le plan B. Bien que généralement je peux envoyer un tir ou bon me semble, entre la distance et les vents de travers, cela demanderait une précision magistrale.

Je me rendis à l'université en premier lieu et je surveillais pendant une heure ou deux, repérer où les équipes de sécurité effectuaient leurs contrôles, où les renifleurs cherchaient des explosifs. Aucun signe du type avec la marque de laser ou d'autres visages familiers de la petite fête de la nuit dernière sur la plateforme d'atterrissage.

Un groupe d'étudiant planait près d'une des portes latérales, fumant en boucle des stims. Cela me prit à peu près vingt minutes pour devenir leur nouveau meilleur ami. Ils étaient les technicien de scène, plus que mécontent d'avoir été évincé par l'équipe technique personnelle du sénateur. Quinze minutes d'écoute supplémentaire et j'avais un plan.
* * * * *
Deux heures avant d'y aller. Le LR-620 était couché sur mon lit. J’ajustais les dernières touches à mon costume. Je regardais les informations à l'affut de quoi que ce soit qui puisse compromettre mon plan. Je faisais de mon mieux pour rester concentré. J'avais évité les obstacles potentiels et je réfléchissais à toutes éventualités possibles. C'était un véritable casse tête, j'étais plus qu'heureux de commencer.

Peut-être étais-je trop concentré.

J'entendis le bip avant que la porte n'explose. La force me fit rebondir contre la fenêtre. Tout tourbillonnait autour de moi, ma vision et mon audition était lointaine. Au moment ou la fumée et ma vision s'éclaircirent, il y avait un pistolet sur mon visage et l'agent de l'Advocacy de l'autre coté.

« Je te tiens ! »

... A SUIVRE

Correction : Noug