Tous les cadrans des systèmes étaient recalibrés alors que j'arrivais dans le système Terra, le bip sonore me sortit de mes pensées meurtrières. A cette vitesse, je devrais atteindre la surface de Terra vers Minuit, heure locale. La belle heure.

Lors de mon approche, environ six parcs d'atterrissage se trouvaient sur ma trajectoire et ils commencèrent tous à entrer en compétition pour attirer mon attention, chacun offrant des tarifs de plus en plus bon marché, des procédures douanières plus rapides, etc. Un a même carrément offert de me laisser jeter un œil sur son stock de marchandises volées.

J'envoyais une de mes pièces d'identités les plus pourries. Ces gars-là s'en foutent ? Sur une planète de 23 milliards d'habitants, ils prennent les crédits où ils peuvent.

« Très bien monsieur Dulli. Vous êtes autorisé à atterrir, merci d'avoir choisi Fisk Landing- » Je coupais le système de communication et descendais vers la plateforme d'atterrissage.

Dix minutes plus tard, j'étais dans la rue. La pluie pilonnait la ville mais ça ne semblait pas empêcher les gens d'être dehors. Une sorte de rallie ou de festival au centre-ville semblait attiré la foule mais je me faufilais au travers un flot d'imperméables lisses, jusqu'à un des clubs dont la plupart des gamins mit en esclavage m'avaient parlé. Je passais le videur et j'entrais dans un mur de bruit.

J'avais besoin de bouchons d'oreille. Je ne comprends pas comment ces gamins arrivent à supporter ça. Ils disent que le loisir est un puissant antidote à la vie. Tout ce que je sais c'est que quand on est vendu pour briser des rochers sur un monde informe alors que vous n'avez que douze ans, ça n'a rien à voir avec du loisir.

Les deux premiers clubs semblaient et se ressemblaient presque à l'identique. Les lumières étaient de couleurs différentes je suppose. Sinon, c'était la même atmosphère de désespoir et d'évasion qui planait. Picoler leur faisait oublier la vie qui les attendait dehors pendant la journée. Ils dansaient, consommaient et se tripotaient comme si tout allait disparaitre. Pour ceux qui avaient le malheur d'attirer l'attention des voleurs et des marchands d'esclaves à l'affut dans la foule, je suppose qu'ils marquaient un point.

J'ai sorti quelques renifleurs pour essayer de repérer qui dealait. Le kid a dit que son dealer refourguait du Neon mais quand vous entrez dans un club, tout le monde en a sur lui ou en recherche. Et malheureusement il ne m'avait rien donné d'autre qu'une description de base de son dealer Kendrick. Alors ça allait prendre un moment. Après deux heures, j'ai réalisé que quelque chose clochait à mon sujet. Peut-être pensait-il que j'étais un flic ou que la grimace sur mon visage leur avait fait comprendre que je n'étais pas là pour passer un bon moment. Quoi qu'il en soit j'ai dû changer mon approche, donc j'ai commencé à suivre des gens, des cibles potentielles. Il y a certaines choses à chercher pour repérer ce genre de trafiquant de sous-sol. Des tatouages de prison ou de maison de correction, des vêtements miteux avec des accessoires flashy et chères (volés), n'importe quoi qui voudrait dire que la société se porterait bien mieux sans vous.

Je suivais un couple dehors qui était définitivement à la recherche de drogue. Ils ont rencontré un gars qui répondait à la description très approximative du gamin. La fille était visiblement nerveuse. Il lui fallut quinze secondes pour que la vie lui paraisse à nouveau merveilleuse.

« Allez Kendrick, passe le moi maintenant et je te règle demain. » dit le gars.

« Tu crois quoi, que je suis ici pour m'assurer que tu passes une bonne soirée ? C'est ça ? » dit Kendrick, envoyant balader le couple d'un geste de la main. Mais quand il regarda avec plus d'attention la fille, il sourit. « Ouais, tu sais, peut-être qu'on peut trouver un arrangement. »

Et merde, je me mis à marcher à grands pas vers le groupe. Ils étaient tous si allumés qu'ils ne me virent pas avant que je n'arrive sur eux.

« Tirez-vous, les mômes, laissez les grandes personnes discuter entre elle. » marmonnais-je, les yeux fixés sur Kendrick. Le gars se tourna et s'avança vers moi.

« Mais bon sang t'es qui toi, pauvre type ? » dit le gars, mettant en valeur l'assurance que vous donne une femme et un couple de bouteilles.

« A moins que tu ne veuilles passer le reste de la nuit à t'amuser dans un centre médicale, je te conseille de dégager. Maintenant. » La fille était là en train d'essayer de le raisonner et l'éloigna. Kendrick me fixait les yeux exorbités.

« Tu cherches à acheter ? »

« Non, j'ai entendu dire que tu connaissais Kid Crimson. » Kendrick se raidit.

« J'ai bourlingué avec ce mec de temps en temps. Pourquoi ? »

« J'ai du travail pour lui. »

« Et bien tu sais, j'ai une commission de dix pourcent habituellement pour une introduction … » Les mots sortirent de sa gueule de soulard avec un autre sourire.

« Je vais te dire. Tu nous mets face à face et je te donnerai vingt pourcent. »

Deux heures plus tard, nous étions sur une aire d'atterrissage près d'un pont. Ca commençait à sembler familier. Sans doute le même endroit où le gamin avait été kidnappé. Kendrick somnolait sur une pile de vieux container. J’entendis des bruits de pas.

Il devait avoir dix-huit ans, dix-neuf peut-être. Il marchait comme s’il avait besoin de prouver quelque chose à la gravité. Même dans la faible lumière ambiante, je pouvais voir des traces noires parcourir ses veines. Donc il était consommateur de WiDoW aussi. Il alluma un joint et tira une bouffée.

« J'ai entendu dire que vous cherchiez Kid Crimson. » Il expira un jet de fumée vers le ciel.

Sans déconner.

« Ouais. » J'entendais deux séries de bruits de pas approcher derrière moi. Un pistolet était en train d'être chargé. J'ai jeté un œil derrière. Deux espèces de crétins se la jouaient derrière moi. Le faussaire en face de moi souriait comme si j'avais un balai à chiotte sur la tête.

« Eh bien, c'est pas ton jour, parce que Kid Crimson ne traite pas avec les loosers. »

« Marrant, j'allais justement dire la même chose. » Je donnais un coup de coude en arrière et chopais un des porte flingue à la gorge. J'attrapais son poignet et le tordis jusqu'à ce qu'il craque pendant que je sortais rapidement mon flingue et je tirais une bastos dans la poitrine de l'autre.

Je donnais un coup de pied dans le genou du porte flingue et lui balançais mon poing dans la tronche et le mis KO. Je pris son arme, frappais Kendrick et pointais les deux flingues sur le faux moi-même.

Il était pétrifié. Son joint était tombé.

« Qui êtes-vous ? » réussit-il à bégayer.

« Je te laisse une chance de deviner. »

...A SUIVRE

Correction : Noug