Lost & Found Part.1

 

« Vous savez, ça commence vraiment à tourner à l’obsession, n’est-ce pas ? » Jonas Stark s’étira en arrière sur sa chaise et regarda son membre d’équipage. « Je suis sérieux, Oskar, vous devriez vraiment laisser tomber ».

 

Oskar Gruber s’assit juste à droite du bureau de Stark. « Je comprends vos sentiments sur la question, monsieur. Mais avec tout le respect que je vous dois, je ne pense pas que vous ayez conscience de la situation. »

« Ho, je la comprends parfaitement bien. Nous avons trouvé une épave de vaisseau avec un homme décédé à son bord, nous la revendiquons légalement comme récupération, nous la vendons et la situation est résolue. »

« Vous vous fichez vraiment de savoir pourquoi il était ici ? Pourquoi il s’était éloigné si loin de toute civilisation ? Pourquoi le navire semble si différent ? »

« Non Mr Gruber, je m’en fiche tout comme vous devriez le faire vous aussi. Nous sommes une opération de récupération. Nous avons fait une découverte, c’est légal, et personne ne le remet en question. C’est un Cutlass, et non pas un vaisseau Xi’An quelconque. Personne n’en a rien à faire. »

« Très bien, monsieur, si tel est votre position, je ne vais pas essayer de vous faire changer d’avis. »

« Bien. » Stark se laissa aller en arrière. « Dans ce cas, je pense que le dossier est clos. »

« Pas tout a fait, monsieur. Je veux l’acheter. »

Stark se mit à rire. « L’acheter ? Pour quoi faire ? »

« Comme vous l’avez dit monsieur, c’est une découverte, c’est légal et nous sommes une opération de récupération, pas un navire de commerce. Nous allons le vendre de toute façon, donc je voudrais l’acheter. »

Stark se mit à rire devant Gruber à nouveau. « Et avec quoi prévoyez vous de l’acheter ? De l’expertise technique ? De beaux yeux et du charme ? » se moqua-t-il.

« Je sais combien vous gagnez, vous vous rappelez. »

Gruber devint rouge, mais son visage restait résolu. « J’ai fait de bons investissements qui m’ont bien rapporté, merci beaucoup. Mais ce ne sont vraiment pas vos affaires, monsieur. Je le paierai en contrepartie d’une très bonne valeur marchande. Comme vous l’avez dit, c’est juste un Cutlass. »

Stark regarda Gruber intensément puis il secoua la tête.

« Très bien Gruber, faites ce que vous voulez. » il agita la main vers la porte. « Allez voir Maureen à la compta. Achetez le ce maudit navire. C’est votre argent après tout. »

Gruber se leva « Merci, Monsieur. »

Stark agita sa main vers la porte à nouveau. « Allez, et que je n’entende plus parler de tout ça. »

Gruber hocha la tête et quitta le bureau du capitaine.

Une heure plus tard, Oskar Gruber était le propriétaire du Cutlass Outbound Light. Tous les enregistrements nécessaires avaient été faits, les taxes payées, les obligations légales remplies, et ses économies avaient été sévèrement réduites. Il ne lui restait plus qu’une seule tâche à accomplir. Il prit son courage à deux mains et retourna dans le bureau du capitaine.

Stark leva les yeux de sur son bureau. « Encore vous, Gruber ? Vous n’avez rien de mieux à faire que de venir me casser les pieds ? » il gesticulait sur l’interface de son Mobiglas. « J’ai un business à faire tourner moi ici, vous savez. Maureen m’a déjà dit que vous aviez payé pour ce vieu vaisseau. »

Gruber redressa ses épaules. « J’en suis tout à fait conscient, monsieur. Je voulais juste vous faire savoir personnellement que je démissionne. »

Gruber tourna le dos au visage stupéfait de Jonas Stark et s’en alla. Oskar Gruber s’assit dans la soute vide du Outbound Light. Il tremblait légèrement. Il avait peut-être été un peu hâtif en quittant son job. Mais c’était la bonne chose à faire; et il le savait. Il avait encore de l’argent. Et en dépit de ce que pouvait penser ou dire Jonas Stark, ce vaisseau était spécial. Gruber pouvait le sentir. Plus important, Gruber savait ce que le capitaine ignorait. Gruber connaissait les spécifications de ce navire.

Et Gruber savait pour le médaillon.

* * * *


Ils avaient trouvé le navire deux mois plus tôt. Il était en orbite autour d’un astéroïde particulièrement grand, dans un champ d’astéroïdes particulièrement grand, dans un système particulièrement isolé. Gruber ne faisait pas partie du planning des opérations de récupération que la compagnie avait fait (il faisait partie de l’équipage d’exploitation), il n’était donc pas sûr de la raison pour laquelle ils étaient arrivés si loin de leurs zones normales d’activités. Il avait entendu des rumeurs sur des opérations ultras secrètes que l’UEE accomplissait contre les Xi’An. Peut-être le capitaine pensait il qu’il y aurait là une opportunité de récupérer quelques épaves militaires. Ca paie toujours bien.

Mais pour finir, ils n’avaient trouvé que quelques dépôts de minerais standards et le Cutlass.

Le navire avait été victime d’un de ces rares accidents qui peuvent arriver dans l’espace. Un météore avait touché le cockpit, et le navire avait subit une décompression instantanée. Le propriétaire ne portait pas de combinaison à ce moment là; Gruber imaginait que le résultat n’avait pas dû être beau à voir, bien qu’il n’ait pas vu lui-même les restes. Il avait fait partie de l’équipage qui fut envoyé pour effectuer les réparations de fortune afin de remettre le navire en fonction. Il était à peine à bord depuis deux minutes qu’il avait déjà des soupçons étranges, que quelque chose clochait avec ce navire. Il ne le sentait pas. Les deux autres membres de l’équipe pensaient qu’il était juste superstitieux, après tout, quelqu’un était mort à bord.

Mais ce n’était pas cela. Gruber était un des experts de la compagnie sur les navires de la compagnie Drake. Quand il était entré dans le navire par l’anneau d’arrimage, et qu’il avait jeté un œil autour de lui, quelque chose avait commencé à le tarauder dans son esprit. Comme tous les Cutlass, celui-ci avait subit des modifications par son propriétaire. La soute n’était même plus configurée pour transporter de la marchandise, on aurait plutôt dit qu’elle avait été aménagée comme un petit quartier d’habitation. C’était toujours exigu, mais celui qui s’était occupé de l’aménagement l’avait fait avec l’idée de le rendre confortable. Ce ne fut qu’après l’avoir remorqué qu’il réalisa ce qui le dérangeait. Les murs de la soute étaient arrondis. Très arrondis. Mais Gruber savait que les Cutlass n’étaient pas construits de cette façon. Les autres membres de l’équipe furent prompts à conclure que le vaisseau avait été modifié et réparé à plusieurs reprises. Tout cela sautait aux yeux. Gruber n’était pas en désaccord avec eux, mais il ne parvint à convaincre aucun d’eux qu’il s’agissait de quelque chose de plus que de simples modifications. Le navire avait été construit avec une soute arrondie. Il en savait assez sur l’ingénierie de vaisseaux pour savoir que cela aurait nécessité un énorme travail de rétro-ingénierie pour modifier la coque de cette façon.

Il commença à prendre des mesures sur le navire, notant une subtile différence dans l’agencement des ailerons avant, la façon dont le train d’atterrissage semblait se ranger plutôt sous le vaisseau qu’à l’intérieur. Tout le monde continuait à se moquer, c’était simplement un Cutlass modifié, certainement pas la découverte du millénaire. Il s’était même presque convaincu lui-même qu’il ne s’agissait finalement que d’un simple Cutlass modifié. Gruber avait toujours été technophile, tout ce qui était nouveau sur un vaisseau l’excitait toujours. Il suppose avoir hérité de ce trait durant son passage dans la Navy. Passer quelques minutes de plus à détailler un navire pouvait permettre de trouver un problème sur le pont d’envol avant qu’il ne vous tue dans l’espace. Mais quand il trouva le médaillon, son attitude dépassa la simple curiosité technique. Il était en train de tracer quelques conduits de dérivation de puissance (certains n’étant pas agencés de manière standard) quand il découvrit une boite de jonctions installée qui n’avait aucune connexion. Quand il ouvrit la boite de jonctions, il trouva une petite gravure : « aux rêves non réalisés et aux rêves réalisés ». Ce n’était pas quelque chose que quelqu’un avait perdu ou mit là par erreur, c’était dans la boite délibérément. Quelqu’un l’avait mise ici pour une bonne raison. Gruber attrapa délicatement le médaillon dans sa main. Durant sa carrière dans la Navy, il avait volé comme RIO sur un bombardier Gladiator. Il avait déjà vu ce genre de breloque, les équipes de vol les utilisent pour ajouter des choses au vaisseau, c’est totalement contre le règlement bien entendu. Les pilotes de l’espace sont souvent très superstitieux. Des petits objets porte-bonheur trouvent souvent le chemin des cockpits, des soutes à bombes ou des postes de mitrailleurs. Le partenaire de Gruber, Le Lt. John Velnova, avait gardé une petite sculpture sommairement taillée d’un chat qui pendait à coté du panneau de l’interface. Le fils de Johnnie avait réalisé la sculpture pour son père, et le pilote parlait souvent du fait que le porte bonheur deviendrait un objet familial une fois qu’il sera rentré chez lui. Gruber avait son propre porte-bonheur, un certain hologramme, d’excellente qualité, mais d’un gout plutôt questionnable, d’une actrice célèbre. Durant leur dernière campagne, aucun des deux objets porte-bonheur ne purent revendiquer leur nom, quand leur bombardier fut découpé en morceau. La seule différence, fut que Gruber passa plusieurs jours à l’infirmerie pour récupérer, puis fut renvoyé dans son foyer. Tandis que Velnova ne se remit jamais. Gruber n’aimait pas se souvenir de ces moments, même du peu qu’il se souvenait. Il regarda son poing fermé. A cet instant, il se promit à lui-même que celui là retournerai chez lui.

* * * *


Gruber s’assit dans le cockpit de son Cutlass récemment acheté. Il avait réfléchi plusieurs jours sur ses meilleurs plans d’actions. Alors qu’il s’asseyait là, il remua les commandes autour de lui, regarda nerveusement les inscriptions. Il ne voulait pas avoir à contacter Michaels mais il n’avait pas beaucoup d’autres options. S’il voulait en savoir plus sur l’endroit d’où venait ce vaisseau, Michaels était la personne qui pouvait lui dire. Gruber activa les communications et appela les douanes de l’UEE. Il essaya de sourire quand le visage de Michaels apparu à l’écran.

« Oskar ! Ça faisait longtemps. Comment allez-vous ? »

« Je vais bien Serge. Comment c’est la vie d’inspecteur ? »

« Oh, c’est toujours la même chose. Des rapports ennuyeux suivis d’exaltantes opérations d’abordages. » Michaels fit un petit sourire « J’ai entendu dire que tu débutais une nouvelle profession. »

Gruber grimaça. « Stark te l’a dit ? »

« Et bien, il se pourrait qu’il ait mentionné quelque chose concernant l’achat d’un navire. Et de démission. Je pense que les qualificatifs de fou, obsédé et foutu imbécile ont été utilisés aussi. »

« Et bien, nous n’avions pas exactement les mêmes opinions concernant mes choix de carrière. »

« Ça je l’avais deviné. Et en parlant de deviner, j’imagine que tu m’appelles pour me demander une faveur. »

« J’ai simplement besoin d’informations sur l’histoire de ce navire que j’ai acheté. Le précédent propriétaire se nommait Gregori Zharkov. Il a été enregistré à Quinton; j’ai les numéros d’enregistrements et les codes I.D. du navire. »

« Oskar, tu sais que ça pourrait être considéré comme une entorse à la confidentialité si jamais je te dis quoi que ce soit à ce sujet. »

« Le propriétaire est mort, Serge. Je veux juste … établir la légitimité de mon achat, tu vois … m’assurer qu’il n’a pas été volé. Ou autre chose. »

« Et ça n’a rien à voir avec une quelconque idée un peu folle sur le fait que ce vaisseau sortirait de l’ordinaire ? Stark disait que tu n’arrêtais pas de lui péter les noisettes ainsi qu’au reste de l’équipe avec tes idées sur le fait que le navire était extraordinaire. »

« Bon sang, Serge, je ne suis pas fou. Il y a quelque chose de différent sur ce navire. Je veux juste en apprendre d’avantage à son sujet. »

« Différent ? Que veux-tu dire par différent ? Qu’as-tu trouvé ? »

« Et bien, l’anneau d’arrimage par exemple. »

« L’anneau d’arrimage est inhabituel ? »

« Il est décalé de 5cm du faisceau centrale du navire. »

Le visage de Michaels était rempli d’incrédulité. « Et c’est sur ce genre de choses que tu te bases pour tout ce cirque ? »

Gruber pensa essayer d’expliquer la façon dont le Cutlass était produit en série; que le procédé de fabrication était toujours identique. La reconfiguration de la charpente du navire avait nécessité un boulot énorme. Mais Michaels ne tiendrait pas compte de ce genre de détails.

La pensée de mentionner le compartiment passa dans l’esprit de Gruger, puis s’envola aussitôt. Il préférait que Michaels pense qu’il était obsédé plutôt que de rentrer dans cette discussion.

« Ecoute, c’est une simple demande que je te fais, Serge. Alors est-ce que tu vas m’aider oui ou non ? »

Michaels plissa les yeux. « Si t’étais pas de la famille, j’aurais déjà mit fin à l’appel. »

Le visage de Gruber s’illumina. « Mais je suis de la famille. » il sourit.

« Envois moi les informations que tu as sur le navire et donne moi quelques jours, je verrai ce que je peux trouver. Et tu m’en devras une. »

« Je sais, j’apprécie. »

« Et appelle ta tante pour son anniversaire, j’en ai assez de l’entendre se plaindre à chaque fois. »

« Je le ferai. »

Gruber se pencha en arrière sur le siège de pilotage tandis que l’unité de communication s’assombrissait. Après un petit moment, il se leva et se dirigea vers la soute du vaisseau. Il réfléchissait à ce qu’il devait envoyer à Serge; Ce serait sans doute mieux de lui envoyer l’information d’enregistrement que la compagnie de récupération avait récupéré sur le navire et sur son propriétaire d’origine. Ce n’était pas beaucoup, mais Gruber savait que cela constituerait un début de piste que Serge pourrait suivre. Serge était très bon pour la recherche d’informations; Après tout, son travail était de suivre les vaisseaux et les cargaisons.

Gruber réfléchit aux informations qu’il connaissait sur le navire. Ce n’était pas grand chose, mais il avait quand même quelques détails. Le rapport de la compagnie de récupération le reportait comme un vaisseau « d’exploration », mais ce n’était pas vraiment la vérité. Oh, bien sur, il avait été modifié pour les longs voyages dans l’espace. Le moteur de saut était clairement une modification. La tourelle supérieure avait été vidée de toutes ses armes pour y installer à la place une batterie complète de détecteurs sophistiqués. Mais Gruber avait lu sur le livre de bord du précédent capitaine. Il savait qu’il y avait eu plus de modifications que de simplement implanter des aides à l’exploration. Il avança vers une petite station de travail qui avait été installée du coté tribord de la soute. Il afficha le livre de bord et lit une des entrées.

Xander pense que je suis fou mais il m’a quand même laissé acheter des actions de la société. Honnêtement, au point où j’en suis, je me fiche de ce que pense Xander ou les autres. Je bricole ce navire depuis un long moment maintenant. Le dernier ajustement est terminé. D’après mes calculs, je peux rester dehors pendant une bonne partie de l’année sans jamais avoir à me poser si je le souhaite. Grace aux droits sur les minéraux découverts dans cette ceinture d’astéroïdes, et les primes de découverte sur l’anomalie, l’argent ne sera pas un problème. Je pense que c’est ce qui effraye Xander à propos de cette idée. J’ai changé le charter pour cette compagnie. Techniquement, c’est une compagnie d’exploration commerciale à présent. Mais tout le monde sait que l’exploration n’est pas vraiment l’objectif. Je veux juste m’en aller. Je veux la liberté à nouveau.

C’est ça que représente ce navire pour moi : la liberté. Je n’ai plus à aller nulle part où je ne veux pas aller; je n’ai même plus besoin de quitter le navire. Oh, ce n’est pas vraiment les meilleures conditions de vie possible, mais j’ai déjà vu des blocks d’habitations sur certaines planètes frontalières. Les commodités que j’ai à bord sont paradisiaques comparé à certains endroits où les gens habitent, juste pour survivre. Il vaut mieux que je parte seul. Je pense que je pourrai améliorer le système de survie pour supporter deux personnes à bord, mais qui voudrait partir avec moi ? Xander, ne voudrait certainement pas. Et Même si j’avais la place, je ne voudrais pas de lui. On a fait assez de trajet en cargo ensemble pour que l’idée d’être piégé dans une coque avec lui pendant des mois soit suffisant pour me rendre dingue.

Gruber pouvait comprendre les sentiments de Zharkov, il s’assit à la station de travail et rassembla toutes les informations qu’il pensait pouvoir aider à retracer l’historique du navire, et les envoya à Michaels. Alors qu’il était assis, il commença de nouveau à avoir le sentiment que quelque chose clochait. Il observa la soute pendant de longues minutes puis prit des mesures laser et récolta les données. Il marcha pensivement de la soute vers le cockpit et s’arrêta au niveau de la porte de la cloison étanche. Il prit quelques mesures et ajouta les données à la liste de celles qu’il avait déjà récoltées. « Le siège de saut bâbord est 50cm plus éloigné de la porte de la soute. » Se dit-il à lui-même et il retourna à la station de travail. Il se focalisait sans doute sur des détails insignifiants, mais ça lui occupait l’esprit.

Gruber, fit une recherche sur l’ordinateur du navire et sur le livre de bord. Mais il n’y avait aucune mention du compartiment dans la recherche de l’ordinateur. Ni dans celle du livre de bord. Rien du tout sur l’endroit où Gregori Zharkov avait obtenu son vaisseau. Mais il y avait des indices au sujet des modifications que Zharkov avait effectuées sur le navire. Gruber continua à lire les entrées, une des plus récentes attira son attention.

Je savais que le navire était désarmé quand je l’ai acheté. Ce n’était pas vraiment un problème; je ne suis pas entrainé pour l’armement lourd de toute façon. Mais j’ai l’impression qu’il a été équipé avec du bon logiciel d’armement auparavant. Quelqu’un a du venir et enlever tout cela; Rapidement et pas très proprement même. Les pods avant ont une belle grosse entaille à l’endroit où l’emport a été retiré. Et je vais devoir refaire l’ensemble de la tourelle supérieure. Ils ont coupé tous les câbles énergétiques qui y étaient reliés et je pense que le système de contrôle a plutôt grossi. Maintenant que j’y pense, ça me donne une idée. Le système de manœuvres est toujours intact et fonctionnel. Et c’est plutôt un bon point; le peu de temps de vol que j’ai fait me l’a démontré. Je me demande si je pourrais installer une de ces nouvelles suites de détecteurs AS ? Ils sont supposés être assez compacts. Je pourrais relier la batterie de détecteur à la tourelle au lieu des armes. Utiliser la manœuvrabilité du navire pour me mettre en position de scan et l’utiliser pour foutre le camp vite fait si les scanners me montrent quelque chose que je n’ai pas envie de voir. Cela prendra du temps pour mettre cela en place, entre les deux prochains voyages et cette excavation que nous avons prévue de faire dans le système Odin. Mais c’est définitivement quelque chose à étudier.

Je sais qu’un tas de personnes n’ont pas une haute opinion du Cutlass. Putain, je l’ai acheté justement parce qu’il était bon marché et que je pouvais utiliser les pièces détachées à défaut d’autre chose. Mais maintenant que j’ai eu la chance de jeter un œil dessus, je pense que je n’ai entendu que des bêtises sur lui. Oh, bien sur, il n’est pas joli, ce n’est pas une œuvre d’art du coté de l’esthétique. Il est dégoutant, il a clairement eu des coups durs, et on ne l’a pas entretenu. Mais il est toujours en état de vol. Ca en dit long sur un navire, s’il peut encaisser ce genre d’abus et continuer à voler comme si de rien n’était. Un navire qui peut encaisser tout ça, c’est un vaisseau pour lequel vous pouvez avoir confiance quand c’est tout ce qui vous protège du vide. Je pense que je vais me faire une visite à Ravvie et de ses chantiers. On a pas discuté ensemble depuis un long moment. Peut-être que pour ce projet, je devrais utiliser un Freelancer qui doit être modifié.

Gruber essaya d’imaginer à quoi pouvait bien ressembler le navire quand Zharkov l’avait découvert la première fois. Les entrées lui donnaient un bon aperçu sur ce à quoi ressemblait le vaisseau: pour la majeure partie dépecée, bref, juste une coque à peu de choses près. Quoi qu’il lui soit arrivé, l’équipage s’était attelé à enlever tous ses composants. Gruber jeta un regard sur la soute, il se leva et se dirigea vers le cockpit. Il se ravisa, fit demi-tour et se dirigea vers l’arrière du navire, baissa la rampe de la soute et sortit dehors. Il fit rapidement le tour du navire. Alors qu’il marchait, il se remémorait les notes entrées dans le journal de bord. Il pouvait voir certaines des entailles et des soudures à l’ endroit où les systèmes avaient été reconstruits, mais dans l’ensemble, Zharkov avait fait un excellent travail de réparation sur le navire. Il n’était plus d’origine, mais de toute façon, la plupart des Cutlass ne restaient pas un mois sans subir des modifications pour un rôle spécifique. C’est en partie ce qui fait l’attrait du Cutlass, mis en avant par Drake Interplanetary. Enfin, ça et son prix, pensa-t-il. Alors que Gruber continuait de faire le tour du navire, il posa la main et la laissa glisser sur la coque du navire. C’était un bon navire, et peu importe ce que pensait Stark ou Michaels, ou quiconque d’autre, il savait qu’il était spécial.

Gruber passa les deux jours suivants à attendre que Michaels le contact. Il resta dans le vaisseau, passant son temps à tout revérifier, chaque recoin. En vérité, le livre de bord de Zharkov l’avait bien occupé. L’intérieur du Outbound Light était petit et exigus, mais il était confortable. Son propre appartement, un petit loft au milieu d’un centre d’habitations près du spatioport, n’était pas aussi joli. Il se sentait plus chez lui à l’intérieur du vaisseau que dans son propre appartement.

Tout en attendant, il passa le temps en lisant le journal de bord. La plupart de son contenu était insipide, des entrées sur le planning des trajets, des données de détecteurs, quelques manifestes de cargaisons et de ravitaillements. Par moment, Zharkov avait écrit plus que de simples phrases. Gruber trouva une entrée qui piqua son intérêt.

Le moteur quantique est totalement pourri, Ravvie en a fait l’inspection. Il dit qu’il ne vaut plus rien, et je suis d’accord. Il ne semble pas être de première jeunesse, et il ne semble vraiment pas assez puissant pour le navire. Il n’avait sans doute pas été utilisé pour des parcours longues distances. Ce n’est pas le moteur standard, me dit Ravvie. Mais peu importe ce que c’est, il doit être remplacé. Si je veux réaliser mon projet de fou, je dois m’assurer que le moteur soit mieux adapté à mes besoins. Inutile de vouloir devenir explorateur, si vous ne pouvez pas aller plus loin que l’espace connu. Cela nécessitera un peu d’huile de coude et d’argent aussi, mais je pense que je peux lui rendre sa capacité de saut dans les six mois. Ca peut-être un peu plus long, ca dépend comment se portera le marché dans les semaines à venir.

Plus je passe de temps à travailler sur le navire, mieux je me sens. Je ne m’étais pas senti aussi bien depuis longtemps. C’est chouette de prendre quelque chose qui a du potentiel et voir ce potentiel devenir réalité. Xander a mentionné qu’il pensait que j’allais acheter un Freelancer. Je n’ai pas prit la peine encore de lui donner tord. Il n’y a aucun doute sur le fait qu’il puisse mettre en avant une centaine de raisons pour lesquelles ce serait une mauvaise idée de remettre en état un Cutlass pour ce genre de travail. Il a fait la même chose quand j’ai mentionné le Freelancer. Je parie que je pourrais lui donner les clefs de sa propre frégate Idris qu’il se plaindrait encore au sujet des taxes d’arrimages.

C’est étrange tout de même pour ce moteur quantique. Je ne vois vraiment pas ce qui a pu le surcharger de cette façon. Même s’il manquait clairement d’un peu de puissance, il n’aurait pas du fondre comme il l’a fait. Et essayer d’en trouver un de remplacement est de plus en plus difficile. Je sais qu’il y eut quelques variantes du Cutlass qui ont été fabriquées au cours des années, mais je n’arrive pas à définir à quel modèle correspond celui-ci. Il ne correspond pas au cahier des charges qu’utilise Drake habituellement, et le manuel ne m’a pas été d’une aide plus efficace non plus. En tout cas, cette vieille dame a du en voir dans sa vie. Je peux le deviner rien qu’en la regardant. Toutes ces modifications installées, mais je me fiche de son passé finalement. C’est mon navire à présent, et je vais la faire fonctionner comme un charme. Et elle a besoin d’un nom. Un bon nom. Quelque chose qui est digne des rêves d’un vieil homme.

Gruber aurait souhaité avoir une chance de parler avec Zharkov au sujet du navire. D’une certaine façon, lire le journal de bord de l’homme donnait à Gruber une idée sur ce qu’il pensait et qui il avait été. Mais ce n’était plus le même navire aujourd’hui dans lequel il était assis. Les investigations de Gruber sur les systèmes du navire montrèrent que quels qu’aient été les dégâts présents initialement sur le navire, ils avaient tout réparé à présent. Il savait que le moteur de saut était fonctionnel à présent; c’est grâce à lui qu’ils ont pu ramener le navire à bon port. La tourelle de détecteurs semblait fonctionner parfaitement bien. En fait, les seuls vrais problèmes du navire étaient les dégâts dans le cockpit. L’équipe de réparation de la compagnie de récupération avait arrangé ça. Du moins de la manière la moins couteuse possible pour permettre une mise en vente rapide. Gruber se sentait mieux en sachant que Zharkov avait aussi remarqué des différences dans ce navire, même si le propriétaire originel n’avait pas porté autant d’attention à leurs présences.

Le matin de son troisième jour d’attente, Gruber fut contacté par Michaels.

« Oskar, j’ai des informations à propos de ton navire. » Le visage de Michaels semblait troublé. « Mais je ne suis pas sur que ce soit une bonne idée de les examiner. »

« Pourquoi ? » demanda Gruber, « Qu’as-tu trouvé ? »

Michaels le regarda. « Et bien, le navire a été enregistré à l’extérieur de Quinton, comme tu l’avais dit. Zharkov apparait comme ayant été le seul propriétaire d’une petite compagnie, et ce navire faisait partie des biens de la société. Normalement il aurait du être rendu à la compagnie, mais Stark connait admirablement bien les lois. La déclaration de récupération fut rédigée parfaitement, et ça a rendu légal le fait de le récupérer et de le revendre. Comme je n’ai pas pu trouver de membre de la famille de Zharkov, ou d’associer de sa compagnie, il semblerait que le navire t’appartienne bel et bien et légalement. »

Gruber semblait impatient. « Oui, je sais déjà tout cela. Mais d’où provient le vaisseau ? »

Michaels le regarda à nouveau. « Je l’ai retracé jusqu’à un dépôt de saisie de l’UEE. Apparemment, Zharkov l’a acheté comme vaisseau de l’Advocacy récupéré. »

Gruber passa de l’impatience à la confusion. « Mais l’Advocacy n’utilise pas de navire de Drake. »

« Je sais, ils l’ont saisi durant un raid. »

« Un raid ? Un raid contre qui ? Contre quoi ? »

« Il semblerait que l’Advocacy l’ait obtenu d’un pirate de mauvaise réputation appartenant à un groupe appelé les Redjack Dragoons. Ne me demande pas son nom. Ils étaient un clan assez important il y a quelques années, et ont causé pas mal d’ennuis à l’Advocacy dans la région. Mais la plupart sont morts ou dispersés aujourd’hui. Essayer de retracer l’historique d’un navire une fois qu’il a été dans les mains d’un pirate est presque impossible. Ils changent le nom et l’ID des navires si souvent, en plus la moitié d’entre eux sont des faux codes. C’est futile d’essayer de le faire. »

Le visage de Gruber devint désespéré. « Mais on peut quand même tenter quelque chose non ? Je veux dire, qu’ils soient mort ou dispersés, certains d’entre eux ont du laisser des traces, des rapports, ou se vanter de leur passé ou n’importe quoi. »

Michaels secoua la tête. « Le seul qui ait laissé un semblant de trace, c’est James Quister. Par coïncidence, le chef du clan; L’Advocacy a eu beaucoup de mal à le prendre vivant. Il pourrit dans une prison de Lorona. Personne ne la questionné au sujet du navire quand il a été capturé, et je pense que personne à l’Advocacy ne va se préoccuper d’un simple Cutlass, » Michaels fit un sourire narquois, « avec un anneau d’arrimage qui sort de l’ordinaire. »

Gruber baissa les yeux sur le panneau de communication. « S’il y a une personne qui peut savoir où les pirates ont eu le navire, c’est bien l’alpha de la meute. » Gruber se remémora les notes du livre de bord de Zharkov. « Et il doit se rappeler de ce navire. Je sais qu’il doit s’en rappeler. Tout ce qu’il faudrait, c’est que quelqu’un lui pose la question. »

Michaels semblait effaré. « Lui demander ? Je n’ai aucun contact avec l’Advocacy. Et Quister n’admettra jamais rien qui puisse l’impliquer dans encore plus de crimes. Oskar, Le navire est à toi, c’est clair, net, et légal. Laisse donc tomber tout cela. »

Gruber regarda par dessus l’écran et étudia le cockpit du Outbound Light.

« Bon et bien, j’ai un navire à présent. J’imagine que je n’ai plus qu’à aller lui demander moi même. »

 A SUIVRE....
Correction : NOUG
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