The Void Rats part.1

Le Lieutenant Commander Naya Antoinette sentait en son ventre le fourmillement familier du passage dans un point de saut tandis que son F7 Hornet émergeait en espace connu. Elle vira sur son aile et stabilisa son navire après le saut. La drôle de voix du Lieutenant Jackson crépita immédiatement dans son système de communication :

“Hey, chef — qu’est-ce qui pourrait arriver de mauvais ?”

Bien entendu, c’était Jackson qui posait la question. C’était toujours Jackson. La chef d’escadrille grimaça de frustration mais elle fit attention de ne pas extérioriser ses émotions quand elle lui répondit : « Restez simplement en formation Lieutenant, je suis quasi certaine que si vous suivez les ordres, rien de mauvais n’arrivera. »

Il n’y croyait pas du tout, pas plus qu’elle d’ailleurs, mais il fut suffisamment perspicace pour comprendre le ton de la voix de son Chef d’escadrille. « A vos ordres madame, j’ai compris, je me mets en couverture. » répondit-il avant de couper la communication. Elle vit les brefs flashs de ses propulseurs alors qu’il s’écartait dans la direction opposée faisant un cercle pour garder le brillant point de saut devant ses yeux ainsi que devant ses gatlings lasers avant.

Les deux autres pilotes de l’élément «A», Stern et Lorraine, se dirigeaient en arc de cercle de chaque coté à la même vitesse jusqu’à ce que les 4 Hornets, de l’élément avancé, atteignent leurs positions en quelques minutes. Ils étaient stationnaires à présent, mais leurs générateurs bourdonnaient, prêt à l’action. Ils ne leur restaient plus qu’à attendre tout en espérant que ça ne serait pas trop long.

Sur l’écran d’Antoinette, les trois autres navires n’étaient plus que des bips positionnés où ils le devaient dans un périmètre de 100 clicks de chaque coté. Le scintillement ondulant du point de saut était à peine visible à l’œil nu. Mais clairement dessiné sur le HUD du J-Scan, en plein milieu du périmètre, il se tenait là tout simplement, les provoquant presque comme le rappel qu’un univers de possibilités, d’opportunités et de promotions les attendaient de l’autre coté de ce portail.

Mais elle et ses pilotes ont été assignés ici, dans le système Centauri. Elle se répétait à elle-même que ces ordres n’étaient pas une punition. Et l’Amiral Hackbarth lui avait dit la même chose. Mais en son cœur elle pensait différemment. Si elle avait été un peu plus... Quoi ? Qu’aurait-elle bien pu faire quand les chasseurs aliens et leur chef avec son espèce de vaisseau en forme d’araignée avec quatre propulseurs sont sortis comme un essaim du champ d’astéroïdes pour prendre en embuscade son, jadis, splendide escadron ?

Elle était restée vigilante, comme toujours, et elle avait anticipé toutes les possibilités. Elle avait entrainé ses pilotes jusqu’aux limites de leur endurance avant de remplir leur devoir en effectuant une incursion dans le système Cathcart et ils sont quand même tombés dans une embuscade. Huit bons pilotes, des frères d’armes de longue date, avaient péri, et le reste des Void Rats étaient encore sous le choc, du moins intérieurement.

A présent, l’escadron diminué volait sur des chasseurs obsolètes. Ils avaient été envoyé dans ce système pour se remettre, se regrouper, se ré-entrainer. On lui avait dit que des navires et des pilotes de remplacement lui seraient envoyé éventuellement. Centauri n’était pas vraiment un coin tranquille. Il y a moins d’un an, un groupe de combat sous les ordres de l’Amiral Showalter lui-même, comprenant le terrible porte-vaisseaux d’attaque «GEMINI», avait participé à un grand combat contre les Vanduuls ici-même. Les Raiders avaient été repoussés et le combat s’était déplacé dans d’autres systèmes. Centauri était devenu calme depuis lors. Ce n’était pas vraiment le genre de système où un officier en disgrâce pouvait reconstruire sa réputation.

Et à présent, tout ce qu’elle pouvait faire c'était attendre. Elle était fermement résolue à faire son job, ainsi que voir ses pilotes faire le leur, peu importe le temps qu’il faudra. Première chose à faire, s’assurer que la route soit libre ; elle l’était ; et se tenir prêt à escorter leur navire de ravitaillement quand il arrivera. L’AFRICANUS pouvait très bien émerger du point de saut ou non. Il le ferait sans doute mais les souvenirs qu’avait Antoinette de ce vieux navire de guerre décrépit ne lui inspirait pas confiance.

La chef d’escadron retourna son attention, à contre cœur, vers le déploiement et les possibilités de son petit détachement de quatre navires. Tout comme elle, les autres pilotes volaient à bord d’un F7 Hornet d’Anvil Aerospace. Le petit navire était à présent obsolète d’une génération comparé au tout nouveau F8 déployé à bord du Steed, du Gémini et d’autres porte-vaisseaux modernes de la flotte. Bien qu’elle apprécie le navire et que le F7 soit le chasseur qu’elle et les autres ont piloté jusqu’à l’incident il y a quelques mois. Avant que cette sorte d’araignée volante qui les a attaqué n’ait mis un terme à huit vies et n’en altère définitivement beaucoup d’autres.

Les F7 étaient en fait de bonnes machines. Elles manquaient peut être un peu de vitesse ou de puissance de boucliers comparé au nouveau F8 mais ils avaient les mêmes propulseurs de manœuvres et étaient équipés d’un formidable arsenal de combat ; une tourelle boule avec deux gatlings lasers jumelées ; la tourelle en bec de canard avec deux canons à neutron, une batterie de missiles TALON Devastator, et bien entendu, le favoris des pilotes, les lasers de tir avant qui donnent à la personne aux commandes une vue claire sur la cible visée.

Et Antoinette devait bien admettre que même le F7 était bien plus moderne que l’AFRICANUS, un navire obsolète depuis un siècle. A l’époque, le navire avait été un croiseur moderne, la fierté de la flotte de l’UEEN. A peu près à la même époque, la grand mère d’Antoinette jouait encore à la dinette avec son ours en peluche sur Terra. Mais grand-mère a vieillit, et l’AFRICANUS aussi. A présent, le navire de soutien de l’escadron était en partie un porte-vaisseaux et en partie un vieux baquet pour le transport de marchandises. C’était le foyer de l’escadron pour une période indéterminée.

Dans un clignotement du point de saut, une masse commença à apparaitre. Le navire émergea de l’espace inconnu suivit de près par quatre Hornets. Avec son escorte complète de huit Hornets se positionnant en formation standard. Quatre devant, quatre derrière, le vieux navire se trainait péniblement vers la station orbitale qui était le premier nœud commercial et centre militaire du système Centauri ainsi que la nouvelle base où était affecté l’escadron.


En voyant l’AFRICANUS vibrer doucement suite aux variations de puissance dans un de ses moteurs, Naya eut la confirmation qu’il s’agissait bien du rôle de « bac de transport de marchandises » qui désignait le mieux l’apparence de l’appareil. Il avait besoin d’un coup de peinture et certains de ses points d’emports, qui semblent avoir été à une époque des emports d’armes, avaient simplement été laissés vide. Les canons, les lances missiles et les tourelles avaient été cannibalisés pour d’autres vaisseaux plus modernes. Il avait encore quelques batteries le long de ses flancs, et une tourelle avec un double railgun sous le ventre, mais il serait vite surclassé par n’importe quel navire de guerre plus grand qu’un destroyer.

Calmant son désappointement, Antoinette vérifia ses détecteurs pour s’assurer que les huit chasseurs tenaient bien leur formation. C’était une manœuvre de routine mais elle comptait ne rien laisser à la chance.
Comme s'il avait senti son inspection, Jackson alluma ses boosters pour se mettre en seconde position. Un jet de lumière dans le vide mais il tenait sa position avec précision. Elle grimaça, irritée, car même si elle savait que le jeune lieutenant était un chien fou et qu’il pensait être un don des dieux pour l’univers, elle devait reconnaitre que le gars savait y faire pour piloter un chasseur.

Le voyage jusqu’à la station orbitale se passa dans la routine la plus complète, et en moins d’une heure, l’AFRICANUS commença à allumer ses rétro-propulseurs et à décélérer. Il était bien trop grand pour s’arrimer aux points d’arrimages de la station. Du coup il se mit en orbite synchronisée à peu près à 20 clicks de distance. Quelques transports plus petits grouillaient tout autour des anneaux d’arrimages de fret de la station, tel des porcelets tétant leur mère. D’autres navires, des petits chasseurs, des navires de reconnaisance, et des cargo interstellaires affrétés par des indépendants ou des petites entreprises, devaient être à l’intérieur des hangars de la station protégés par des sas sécurisés. Un autre navire, un vieux remorqueur presque deux fois aussi gros que l’AFRICANUS, voguait dans l’espace, à quelques clicks au loin de la station.

Antoinette le regardait tandis que la porte de la baie aux navettes, de son navire de soutien, s’ouvrait. Avec un flash, ses propulseurs s’allumèrent et la navette fonça droit vers la station. Le Premier-maitre Bradryck MacClean devait être aux commandes. Antoinette s’en doutait et il devait avoir une liste de ravitaillements nécessaires longue comme le bras avec lui. Le vieux vétéran taciturne, qui avait choisi de s’exiler avec le reste des Void Rats, avait fait savoir qu’il transformerait ce vieux navire de guerre en arme redoutable, ou qu’il mourrait en essayant. La chef d’escadron ressentit une vague de gratitudes en repensant à sa demande de transfert. Elle n’était pas sûre d’avoir pu garder ces vieux chasseurs opérationnels sans lui.

Quant à elle, elle devait faire son rapport à l’officier de liaison de l’UEEN de la station, et elle décida de prendre son #2 avec elle. Elle donna ses ordres par le canal sécurisé de l’escadron :

« Stern, Lorraine, vous continuez votre patrouille pour le moment. Groupe B, rentrez vos chasseurs à bord du vaisseau mère. Jackson, tu viens avec moi sur la station. Rappelle-toi tes bonnes manières. »

D’une certaine façon, elle essaya de ne pas faire la grimace en appelant l’AFRICANUS un vaisseau mère. Elle et Jackson prirent position sur les cotés de la navette blindée approchant du hangar béant sous l’anneau rotatif de la station. La grande surface d’atterrissage affichait ses contours lumineux leur faisant signe avec ses lumières brillantes et la promesse de confort juste en dessous. La patrouille de chasseurs s’éloignait pendant que les quatre Hornets du groupe B se reposaient dans la baie du hangar du grand navire.

Et ensuite ça a été une foutue pagaille.

* * *

Le maitre Mac Clean, aux commandes de la navette, sentit l’impact d’une roquette Dumbfire sur son propulseur tribord. L’explosion secoua violemment la coque. Sa tête fut projetée en arrière, seul son appui-tête lui évita de se briser la nuque, et la petite navette commença à tourner sur elle-même sauvagement, glissant et tournant en même temps. L’instinct de Mac prit le dessus, il se rua sur les propulseurs de manœuvres rétablissant la navette maintenant paralysée.

L’entrée du hangar de la station orbital brillait comme une étoile carrée - brillante, prometteuse, et tellement lointaine.

“Bon sang... mais d’où c’est venu ça ?” demanda-t-il à Dirkson, le jeune timonier sur le second siège.

« De nulle part chef ! j’en sais rien ! » cria le gamin, sa voix tremblante. « On nous attaque ! » ajouta-t-il sans nécessité quand une nouvelle roquette passa en trombe les manquant d’un cheveux.

Mac enclencha les communications sur fréquence générale conscient de la douzaine de membres d’équipages coincés dans leurs sièges à l’intérieur de la soute pressurisée mais sans hublot. « Quelle est la situation en bas ? Des dégâts ? Personne n’est blessé ? » dit-il sèchement.

« Tout va bien chef. » arriva en réponse, l’homme gardant une voix remarquablement calme.

« Que ça reste ainsi. » dit le chef. « On est presque à la maison. » ajouta-t-il, de manière exagérément légère.

Une rafale de lasers sortie de l’obscurité et Mac Clean se baissa malgré lui. Gêné par son geste involontaire, il releva la tête et sentit immédiatement l’Ozone. Encore quelques tirs comme ça et la navette de transport ne serait plus qu’une épave pleine de trous. Le vaisseau était sous alimenté, les boucliers étaient au minimum, plus d’armes du tout, juste un petit navire qui semblait hurler « descendez-moi ! » à tous les éventuels ennemis du secteur.

Un simple regard par le plexi sur le coté répondit à la première question de Mac. Se détachant du fond étoilé du vide spatiale dans lequel il se trouvait, le gros transporteur de minerais qui orbitait autour de la station était définitivement plus que ce qu’il ne paraissait. Une grande ouverture en dessous de la coque révélait un pont d’envol sophistiqué. Hors duquel, soudainement, deux douzaines de chasseurs sortirent tel un torrent. La plupart virevoltaient à présent autour de l’AFRICANUS, mais six ou huit d’entre eux se dirigeaient droit vers la navette, lançant roquettes et rafales d’énergie.

Mac Clean tenta une rapide manœuvre évasive, un mouvement chaloupé à tribord, mais à cause du propulseur en panne de ce coté du navire la navette fit une vrille complète. Ce fut tout ce que le chef pu faire pour garder le navire en direction du hangar. Une fois arrivé près de lui il se mit au défi de ne plus le refaire. La surprenante petite danse avait permit au petit navire de passer au travers d’une tempête de tirs de laser, ce fut sans doute dû au fait que les attaquants inconnus avaient été surpris par cette folle manœuvre.

“Bon sang, mais c’est qui ces mecs ?” demanda-t-il. Il lutta avec les commandes quand le navire voulut encore faire une pirouette ; il lui fallut toute sa force et son expérience pour garder un semblant de trajectoire en ligne droite, avec seulement le propulseur bâbord.

Et sa trajectoire pouvait difficilement être autre chose que fatale, il le savait. Dans les meilleurs conditions, la navette tournait comme une vieille remorque de mineur en surcharge. Maintenant, avec un moteur en moins et le fait qu’il devait maintenir une trajectoire complètement rectiligne vers leur seul espoir de salut, Il était clair qu’il n’y arriverait jamais.

Au moins cinq des mystérieux chasseurs se mirent en formation à l’arrière de la navette, comme s'ils se préparaient à donner le coup final. Un sixième, un quadrimoteur, avec une brillante électro-skin argentée et un aspect d’insecte à l’avant et à l’arrière, cerclait autour pour se positionner entre la navette et la station. A ce moment Mac n’avait plus d’autre choix que de plonger tel un prisonnier condamné à marcher vers le peloton d’exécution.

-Au moment où il agrippa le manche et grogna fortement, quelque chose déclencha sa mémoire au sujet de ce navire à forme d’insecte. Il avait déjà vu cette araignée argentée auparavant. Pas personnellement mais dans les images des enregistreurs de vol après le combat qui avait bouleversé ses Void Rats adorés.

-Brutalement, le navire araignée fut frappé sur le coté par des explosions qui illuminèrent ses boucliers à bâbord. Les tirs de l’attaquant tirèrent en direction de la navette sans bouclier, mais les tirs furent imprécis, les rayons d’énergie passèrent à raz du cockpit. un Hornet apparut, arrosant le chasseur argenté de ses tirs et attirant toute son attention en retour.

Mac reconnut le F7 de Naya Antoinette et étouffa un merci au chef d’escadron. Avec le chef des attaquants hors de leurs pattes, ils avaient peut être une chance de pouvoir rejoindre le hangar. 

S'il n’y avait pas ces cinq chasseurs alignés derrière eux.

Avec une lenteur agonisante, ils se trainaient vers le séduisant hangar lumineux de la station. Le sas était ouvert à peine à quelques clicks d’eux. La navette était une cible parfaite, et Mac ne comprenait pas par quelle miracle ils étaient encore en vie.

« C’est Jackson, chef ! » cria Dickson, en vérifiant le détecteur arrière. « Il est en train de se battre contre un escadron entier ! ».

Mac Clean risqua un coup d’œil à son détecteur et vit une mêlée tendue faire rage à l’arrière de la navette. « Brave gars, ce Jackson. » grommela-t-il. « Je lui devrais un verre ou cinq. »

D’une manière ou d’une autre, le petit Hornet de l’as avait brisé la formation d’attaque des cinq chasseurs à l’arrière. Deux d’entre eux disparurent des détecteurs, provoquant une ovation de la part des hommes d’équipages et un grognement approbatif du chef d’escadrille. Les trois autres manœuvraient de manière désespérée, échangeant des tirs avec le F7 tandis que la navette continuait sa longue et lente glissade vers le hangar.

Mac commençait vraiment à reprendre espoir. Une fois de plus il enclencha la fréquence de communication générale. «Tenez le coup là en dessous, ça pourrait être un "attéro" qui va secouer. »

Le chasseur argenté en forme d’araignée surgit soudain à nouveau, à portée de vue, juste au dessus d’eux. De nouvelles roquettes frappèrent la navette juste au moment où le rayon tracteur électro-magnétique de la station venait de les accrocher. Le second et dernier moteur donna un dernier et vain sursaut de protestation puis tomba en panne. Les oreilles de Mac lui firent mal et il sut immédiatement qu’ils perdaient de l’air, rapidement.

« Tiens bon ! » Hurla-t-il au jeune timonier. Ils ne pouvaient rien faire d’autre et ils détestaient ça. Le rayon tracteur les tira à l’intérieur du sas mais une autre rafale de roquettes éclatèrent sur la coque de la navette et le petit navire carré s’écrasa lourdement sur le pont du hangar. Mac luttait pour respirer, l’air était presque entièrement parti, et ensuite le feu et la fumée embrouillèrent ses sens.

Pendant un moment du moins, ensuite tout devint noir.

* * *

Jackson poussa son F7 dans un virage si serré qu’il put sentir son sang descendre dans ses pieds. Seul l’extrême compression de sa combinaison lui évita le voile noire. Comme son chef d’escadron, il avait profondément ressenti la désuétude de la précédente génération de Hornet. Mais il devait admettre qu’il pouvait encore virer comme un ange.

Il était à court de missiles mais ils n’avaient pas été gaspillés. Il passa au travers de deux épaves brulantes, les chasseurs attaquants, qui avaient été détruit par son attaque surprise par le flanc. Les deux cockpits étaient défoncés et les flashes de plus en plus faibles des générateurs à l’agonie confirmaient leur total destruction. Et même sans missile supplémentaire, ses laser étaient chargés à bloc et il avait faim de nouvelles cibles fraiches.

Les trois contacts inconnus restant vinrent vers lui en formation triangulaire serrée. Ses boucliers avaient encaissé pas mal de coups, mais il redirigea la puissance vers la tourelle boule et lâcha toute la furie de ses gatlings lasers jumelées. Les rayons d’énergie coupèrent un des attaquants en deux atomisant le cockpit et laissant juste deux moteurs fusant en spirale près de la station dérivant vers la lointaine étoile.

Mais il en paya le prix alors que son petit navire titubait sous les impacts des décharges de neutron. Il pouvait sentir l’odeur de l’ozone à travers son respirateur, un grésillement, une puanteur électrique. Il tira sur les commandes, luttant pour ramener le Hornet sous contrôle, mais le chasseur tournait sur lui même comme un fou.

C’est à ce moment qu’il vit le pont d’envol énorme à l’intérieur de la soute du vieux transporteur de minerais qui n’en était pas un finalement. Le navire semblait presque aussi grand qu’un porte-vaisseaux de l’UEE bien que de l’extérieur il ressemblait plus à une épave vieille de 100 ans. Etait-ce une ruse Vanduul ? C’était peu probable. Les raiders de cette race ont leurs propres navires de combat et ils sont fiers et arrogants dans la façon de les utiliser. Une telle ruse est à des années lumière de la personnalité que nous connaissons des Vanduuls. Bien que cette connaissance, admettait-il, ne soit pas encyclopédique.

Le lieutenant n’avait pas le temps de percer le mystère. Les deux chasseurs restant dans son champ de vision venait de se regrouper et lui fonçaient dessus. Il vit un troisième navire, plus gros et argenté, et il senti immédiatement en lui un sentiment de déjà vu ainsi qu’une irrésistible rage intérieure. Ça devait être lui, le leader de l’embuscade qui avait anéanti les Void Rats dans le système Cathcart. Cet attaquant était engagé dans un duel avec le Hornet du chef d’escadron et l’araignée argentée commençait à prendre l’avantage. Antoinette fit une manœuvre d’évasion rapide, ses boucliers s’illuminèrent et s’éteignirent rapidement. Elle n’avait d’autre choix que de plonger en suivant la navette à couvert dans le hangar de la station.

Heureusement, une grosse batterie de canons à Neutrons s’illumina au dessus du hangar de la station et le tir de couverture déranga assez le chasseur adverse pour qu’Antoinette puisse éviter son destin autrement fatal. Jackson la vit se glisser dans le hangar derrière la navette et vit son hornet disparaitre dans les flammes et la fumée qui provenait du vaisseau de transport dévasté. Le feu faisait rage sur tout le pont tandis que les portes du hangar commençaient à se refermer doucement.

Mac Clean et Antoinette, tous les deux, réalisa-t-il avec une lucidité maladive, ils étaient coincés dans cet enfer. Le hangar ressemblera bientôt à l’intérieur d’une fournaise.

Il réagit sans réfléchir. Son Hornet suivit celui de son chef d’escadron dans le hangar juste avant que les portes ne se referment. Utilisant toutes ses forces, il tira sur la commande des gaz et sortit son train d'atterrissage. Le petit vaisseau fit quelques bonds avant de s’arrêter, basculant presque sur son aile avant de se stabiliser. Il était à peine conscient du bruit de la batterie de la station qui tirait à l’extérieur, repoussant le chasseur, poursuivant à l’écart du hangar incandescent.

Jackson avait ouvert sa canopée avant même que le vaisseau n’ait arrêté de bouger. Il bondit hors du cockpit, son pied cherchant une des barres de l’échelle d’accès à moitié descendue le long de la coque. De là, il sauta sur le pont du hangar et en quelques secondes, il prit en main la situation.

Le feu dévorait la navette de transport et le F7 d’Antoinette. Le Hornet reposait sur son ventre, son train d'atterrissage s’était brisé ou n’avait jamais été déployé. Il commença par le plus petit navire et le plus proche mais le chef d’escadron avait ouvert sa canopée déjà et gisait sur le pont. Voyant plusieurs techniciens de maintenance bravant les flammes pour la mettre à l’abri, Jackson tourna son attention vers le plus gros navire.

La navette était une épave inclinée sur son flanc avec l’écoutille principale de la soute complètement tordue. Des flammes sortaient de la soute, ne masquant pas assez l’odeur de chair brulée de plusieurs malheureux membres d’équipage qui avaient essayé et échoué de s’échapper par cette issue.

Le pilote de chasse vérifia le cockpit voyant des flammes et de la fumée et quelques bribes de mouvements derrière le plexi craquelé de la vitre de flanc. Il reconnut les cheveux en brosse de Mac et réalisa que le chef était en train d’essayer de libérer son copilote de ses sangles. Le second homme semblait être inconscient mais il devait être en vie sinon Mac n’aurait pas risqué ainsi la sienne.

« Équipe Incendie - ICI ! » Jackson appela une équipe de contrôle des dégâts qui s’avançait, trainant un long tuyau. « Couvrez moi ! »

Il montra du doigt le cockpit et en quelques secondes l’équipe avait commencé à déverser un nuage de vapeurs blanches de CO2. Instantanément, les flammes commencèrent à diminuer, à s’étouffer suite au manque d’oxygène temporaire.

Toujours sans réfléchir et sans s’arrêter, Jackson fonça devant lui agrippant l’échelle et grimpant le long du flanc de la coque de la navette. Du fait de l’angle de la navette, ses pieds commencèrent par flotter dans le vide et les échelons rougis par la chaleur balafraient ses gants au fur et à mesure qu’il montait. Prenant un élan de ses mains et de ses épaules, il glissa ses pieds sur les échelons et continua de grimper jusqu’au cockpit. Sa combinaison ainsi que son respirateur étaient à l’épreuve du feu mais cette résistance ne durerait pas longtemps.

Finalement, il parvint à atteindre le bout de l’échelle et ses yeux aperçurent Mac se tenant devant un corps sans mouvement et couvert de sang d’un jeune membre d’équipage. Plusieurs fissures parsemaient le plexy et Jackson se concentra sur un endroit ou plusieurs de ces fissures se rencontraient. S'accrochant de ses pieds à l’échelle et de sa main gauche sur la coque, il donna de violent coup sur la surface fragilisée. Une fois, deux fois, encore de façon répétitive jusqu’à ce qu’elle cède.

Mac poussa les débris de plexy hors du chemin et souleva le corps inconscient du timonier dans ses bras. Avec une précaution surprenante, il hissa le jeune homme au travers de l’accès face vers le bas et Jackson prit son poids sur son épaule droite s’accrochant fermement a l’échelle de sa main gauche. Une autre vague de CO2 éteignit soudainement les flammes restantes et le pilote descendit prudemment l’échelle, tenant fermement l’homme sans mouvement. Il espérait juste que le type soit encore en vie.

Des mains tenaient ses pieds, le soutenant en arrivant au bout de l’échelle, il laissa avec gratitude le corps inconscient aux mains de l’équipe de contrôle des dégâts. Ce n’est qu’alors que Jackson leva les yeux pour voir Mac qui le suivait en descendant l’échelle. Sans combinaison de vol, le chef devait se manger de sérieuses brulures et le pilote se laissa vite tomber hors du chemin.

« Saute ! » cria-t-il. Et Mac le laissa tomber immédiatement de l’échelle, atterrissant au sol et roulant loin du navire.

Jackson se remit sur ses pieds mais s’écroula immédiatement sur le pont, ses jambes étaient tremblantes et faibles, tandis que l’adrénaline s’estompait. Plusieurs infirmiers soulevaient le jeune membre d’équipage, toujours en vie, dans un brancard puis ils l’emmenèrent vers la station. Mac Clean était sombre et recouvert de suie mais il ne semblaient pas être gravement blessé, on aurait dit qu’il était près à mâcher du verre.

C’est alors que le Lt. Commandant Antoinette arriva près du feu, tenant son casque sous le bras. Ses yeux brillaient et sa lèvre était plissée dans une grimace féroce. « Vous avez vu cette araignée argentée ? » demanda-t-elle. « C’est le même fils de pute qui menait cette embuscade ! ».

« Dans les astéroïdes ? » demanda Jackson. « Ouais, je le pense aussi. »

Il avait prit part à cette précédente bataille, et c’était encore chaud dans sa mémoire. Mais la présence de l’araignée argentée ici soulevait des tas de questions. « Qui est-ce ? Et pourquoi sont-ils ici ? » se demanda-t-il bruyamment.

« J’en ai pas la moindre idée. Trouvons ce navire et poursuivons le. » conclu Antoinette. « Je veux ce bâtard, et je le veux mort ! »

Les questions de Jackson s’évaporèrent en voyant la résolution de son chef d’escadron. Comme Naya, il ne se souvenait plus que de la première rencontre entre les Void Rats et cette araignée argentée, huit chasseurs de camarades...

A SUIVRE...

Correction : Atrilian / Noug

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