« Donc c’est le même tireur qui a tué les deux agents. Y a-t-il autre chose qui puisse les relier l’un à l’autre ? » demanda Gates.

 

Gates lâcha son paquetage et jeta un dernier coup d’œil à son minuscule appartement afin de s’assurer qu’il n’avait oublié aucun de ses rares effets personnels. Satisfait, il sortit son MobiGlas et appela la société de gestion pour leur faire savoir qu’il quittait les lieux.

 

Gates entra quand même, sachant très bien que ça tournerait au vinaigre. Parfois, la seule façon de sauver la situation consistait à s’y jeter à corps perdu. Sans compter qu’il était primordial qu’on vous voie tenter de protéger vos intérêts. Si les gens se mettaient en tête qu’on pouvait blesser ou tuer vos indics en toute impunité, le prix de l’information n’en vaudrait bientôt plus la chandelle.

 

L'intérieur du sas de Nagia bourdonnait alors qu'il se pressurisait. Tonya avait une bonne vue sur l'autre sas qui ressemblait à une épave, celui qu'il avait utilisé pour essayer d'aborder le Beacon II.

 

Quatre murs, quatre murs gris et ternes. Tonya ne s'attendait pas à ce qu'une cellule de détention soit accueillante, mais elle commençait à comprendre pourquoi les criminels préféraient choisir QuarterDeck plutôt qu'une prison. Une personne pouvait devenir folle, enfermée dans une cellule de ce genre.

 

Le violet n'était sans doute pas une couleur exprimant le bonheur. Les exobiologistes n'avaient pas pu déterminer si les flashes de couleurs bioluminescents étaient une forme de communication entre les Osoians, ou simplement un indicateur externe de leurs humeurs.

 

Si la gravité sur Oso II n'était pas si écrasante, Tonya lui aurait bien fait une mauvaise farce de son cru. Lançant sur Senzen, quelques rochers ou de lourdes branches de bois, mais pour l'instant elle peinait déjà à tenir sur ses jambes. Sa combinaison environnementale bourdonnait alors qu'elle recyclait sa sueur dans sa poche d'eau potable.

 

Tonya s'assit tranquillement dans le siège de pilotage. Elle ne commandait plus rien. Le navire manœuvrait de lui-même tandis que les écrans faisaient défiler les diagnostiques moteurs et les ajustements de puissance.

 

Rien. Pas même de ténèbres. L'obscurité requière de l'espace, un vide de lumière, pour exister. Ici il n'y a pas de notion de temps. Il n'y a rien.

 

Tonya emmena Melvin Hartley Jr pour déjeuner. Le vieil homme semblait en avoir besoin. En retour, il fut plus qu'heureux de partager tout ce qu'il connaissait au sujet de la banque. Une des plus vieilles institutions dans l'UEE, la banque Nebula, elle avait offert son premier prêt à l'arrière grand-mère de Hartley, afin d'ouvrir le musée. Depuis lors, elle s'était transformée en un géant financier, devenant de plus en plus impitoyable au fils des décennies. Aujourd'hui, il semblerait, que Nebula soit techniquement la propriétaire de la collection de reliques de l'Artemis, durement acquis par le musée Hartley.